mercredi 23 mars 2011

Dans l'abîme des abîmés



«  Il me faut une vraie nature puisque la ville est passée de l'autre côté » Olivier Cadiot.


        Frappé par l'étendue, l'immensité de cette mégapole à la verticale. Démesure de l'horreur pour certains bâtiments, Dresde sans bombardements, où l'on entrevoit ces galeries d'intelligence, des lucarnes de création, à la verticale.
Ici l'intellectuel est roi, au royaume des musées, des centres culturels et des cinémas indépendants ; autoritarisme du branché, plaire et briller pour réussir. Il y a des heures pourtant où l'édifice vacille, du haut de sa tour qui brille, le golden boy réclame; à São Paulo l'intellectuel est roi si le trader le décide.
Frappante par son cloisonnement aussi, cloisonner la diversité pour mieux s'en réclamer. Ici telle chose se vend, telle autre plus loin, circonscrite là bas dans son coin. Là la vente de meubles sur des centaines de mètres, plus loin encore les enfilades de magasins de musique. Toujours l'un après l'autre, jamais l'un avec l'autre, l'un dans l'autre.

La ville est glauque, voire morbide, non au point d'oppresser mais assez pour ressentir une gène à chaque errant cracké croisé, à chaque mendiant qui te défigure pour n'avoir rien donné.
Les sourires et les visages sont à l'image des bâtiments du centre-ville, sans dents ou sans fenêtres, peuplés d'âmes inanimées, sans force sans joie, tombés dans le gouffre de ces drogues à sens unique, sans retour.
La rue à droite m'aura donné l'impression d'un refuge de lépreux, d'animaux assoiffés, laissés pour compte à même la crasse, arpentant les squats comme des charognes et quémandant de l'eau à en vendre leur mère.
Leurs gueules étaient noires de crasse et de vide, dans l’abîme des abîmés, des faces sans sens, noires contre ce mur blanc sale tatoué par la ville.
Du musée tout agencé au monde des futurs-morts il n'y a qu'un pas, d'une rue à l'autre, d'un regard à l'autre s'il en existe encore un chez lui qui cherche mes billets pour pouvoir se piquer.



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