Première chose, c'est loin, long et le reflet d'une ville en complet désordre.
dimanche 28 novembre 2010
Impressions de Barra
Première chose, c'est loin, long et le reflet d'une ville en complet désordre.
vendredi 26 novembre 2010
Sainte Augusta
Je suis un homme malade... Je suis un homme méchant. Un homme repoussoir. Voilà ce que je suis.
Rio a Lapa, Sampa a Augusta.
J'ai rencontré Augusta à São Paulo, le premier soir. J'étais pas trop sûr de ce que je venais faire dans cette rue un peu glauque dont tous m'avaient parlé, quelques gens sur le trottoir où les lumineux buildings avaient laissé place à de vieilles baraques tranformées en night clubs. C'était la première fois que je la voyais, je descendais un peu la rue en me faufilant entre les prostituées et les hommes à crète. Lapa m'avait fait une première impression chaleureuse et gigantesque. Augusta m'a comme attiré dans ses filets d'une manière froide et fascinante. Plus je descendais dans son allée centrale, plus j'avais l'impression de descendre dans les sous-sols de la Terre. De plus en plus chaud, un chaud glacial, frigide.
Augusta changeait de visage pendant ma descente. Elle portait une robe en cuir noir, courte, quand j'arrivais. Elle avait maintenant les bras remplis de tatouages, le nez de piercings, et me bousculait lorsqu'elle passait à côté de moi. J'avais à peine saisi un morceau de sa nuque que j'étais déjà alcoolisé. Si Dieu descend danser la samba avec le peuple à Lapa, le diable t'attire chez Augusta et te fracasse contre de l'électro. Elle te donne envie comme ce jeune premier salement excité par sa première pute, comme si tu pouvais prendre une jeune fille naive et la descendre, l'enfoncer dans son malheur. Car ca te permettrait, toi, de plonger, et tu y prendrais du plaisir. Augusta est noire et inquiétante, sombre et provocante. Elle respire le pêché, on dirait qu'elle a été concue pour s'y perdre, avec un certain plaisir maso.
Augusta regroupe tous les jeunes un peu branchés de Sampa. Quand Lapa regroupe toutes les classes sociales, sans distinction, pour les faire entrer dans sa masse grouillante et joviale, Augusta garde le caractère élitiste de la métropole paulista. Le même qui voit la jeunesse dorée prendre l'hélico pour traverser la ville, le même qui donne envie à ces jeunes alternatifs d'entrer dans ce trash un peu plus à la mode.
Que se passe-t-il derrière ces murs? Que renferme les rires sarcastiques de la devanture de cette boite... Hahahaha, qui sinon le diable pour te trainer ici, sans relâche, jusqu'à ce que tu t'éprennes de sa créature, jusqu'à ce que tu y laisses ton dernier souffle. Lapa la belle mélancolique a laissé place à Augusta l'électrique. Dimitri le sensuel, l'incontrôlable, a été remplacé par Ivan, l'athée, le mal.
Est-ce qu'Augusta est surfaite, est-ce que les jeunes bourgeois qui veulent se défoncer la gueule sont les seuls qui tentent la séduire - est-elle désagréable ou bien fascinante, est-ce qu'elle m'intrigue ou me répugne, est-ce qu'elle m'attire ou me rejette, est-ce qu'elle me laissera me réveiller demain matin sans cette impression troublante et pâteuse d'avoir une inconditionnelle envie de la séduire, de la dominer.
Désolé pour les fautes d'ortographe et la qualité des photos.
samedi 20 novembre 2010
Copacabana : jour de plage
"Jesus fez aparecer o sol. Puta que o pariu ! " ( Jésus a fait apparaître le soleil. Sa mère la pute).
Dans l'ascenseur lent de mon immeuble j'imagine l'effervescence de la rue d'en bas, la foule d'affamés se ruant sur les salgados du coin, les pâtisseries de l'autre coin et les churros du vendeur ambulant.
Chaleur étouffante, tout le monde sourit même ce travailleur qui transporte des bidons d'eau sur son triporteur. Le temps de marcher une centaine de mètres, me voilà sur l'avenida Atlântica. Elle prend tout son sens ce samedi où il faut zigzaguer entre les longboard et les vélos qui squattent cette route toujours bondée où les vans et les bus font normalement la loi.
Je me faufile entre les serviettes et trouve une minuscule place entre les deux familles des favelas qui jouent aux cartes et s'engueulent pour savoir quel gosse va pouvoir utiliser l'unique bodyboard défoncé.
Je n'entends pas un mot de leur conversation, le bruit des enceintes du tournoi de foot international d'à côté m'en empêche. Pour ce tournoi ils ont installé un pont au-dessus de la route pour relier la terrasse du Copacabana Palace aux tribunes du "Soccerex Football Festival".
Aujourd'hui tous les cariocas se sont retrouvés pour participer au rituel de l'après-midi plage. Les pauvres ramasseurs d'aluminium, les riches dandys qui sirotent sur des chaises longues et les familles métissées descendus du morro. Peu nombreux sont les étrangers, le samedi d'été le brésilien reprend ses droits.
Parfois il y a des soubresauts qui pertubent ce calme d'un après-midi à 35 degrés. Les vendeurs de sandwichs t'interpellent : "Hey Pschhhhh! Hey Pschhhhh! 4 reais sanduíche e coca. Beleza ? ".
Il est relayé par ce gosse qui crie et me fait rire lorsqu'il passe et repasse en courant entre les chaises des pachas qui perdent leur sourire. Sa mère lui crie dessus, lui rigole, je regarde la famille un grand sourire sur la face et on se met tous à rire.
Ici sur Copa tout le monde se rejoint, se drague, se contemple, s'épie et se dit implicitement : " à toute à l'heure à Lapa ou peut-être à Samedi prochain".
Du son made in Brazil : Mc Marcinho - Glamurosa ( du Baile Funk la musique à la mode ici. )
Seu Jorge - Tive Razão
La femme que tu aimes.
Je l'ai rencontré dans la rue. Elle avait laissé ses amis un instant pour s'acheter les clopes qu'ils vendent à l'unité dans leurs botecas, et moi, moi j'avais prétexté une envie soudaine de chewing gum pour m'approcher. J'ai jamais été très doué pour les premiers mots, ni pour les premiers regards, et puis elle avait allumé sa cigarette d'une façon qu'on ne croit voir que dans les films. J'étais oxydé de séries américaines, j'ai trouvé ça sexy. Et puis elle est partie comme elle est arrivée, comme une bouffée de nicotine. J'ai crapoté. Je l'ai suivie. Je faisais les mêmes parcours qu'elle, je riais aux blagues de ses amies. Elles se sont arrêtées au café du coin où on joue de la samba à l'intérieur mais on l'on danse dehors. Elle a vaguement déplacé ses pieds d'une manière qui laissait présager qu'elle venait bien d'ici. Puis elle est repartie. Je ne sais pas si elle a senti que je la suivais, mais elle s'est retournée. Elle m'a offert un regard, quelconque ou presque.
Je ne savais comment continuer, aucune idée précise ne me venait. J'avais simplement envie de continuer, d'attraper quelques instants. Lorsqu'elle est rentrée dans cet endroit, j'ai globalement décidé que ça s'arrêterait là. Puis je suis rentré à mon tour. Il y avait bien trop d'espace pour prétexter me coller à elle alors j'ai simplement garder mon air mystérieux pour me différencier de ceux qui savaient danser. Ceux-là l'ont tous fait tourner, un par un, la vague de prétendants s'allongeait. Et elle les repoussait tous un par un, rejeté dans la masse comme ils y étaient entrés. Elle s'est approchée de moi, ou plutôt elle s'est approchée, j'avais presque atteint le moment de proximité que j'avais réussi à saisir tantôt. J'avais pensé à toute sorte d'approche mais la musique était tellement forte que je lui ai crié que plus je la voyais, plus je cherchais à la voir, plus je l'aimais. Elle a fait la moue pour m'exprimer son incompréhension devant mon accent, m'a bredouillé que j'étais français puis elle s'est éclipsée un peu plus loin pour un instant. L'instant d'après elle était dans les bras d'un autre homme. On aurait dit que l'amour avait été pour quelque chose dans cette tentative. L'amour, non! Une femme, peut-être. Lapa, certainement.
Elle est revenue. Elle s'est détachée des lianes du mâle et m'a parlé mais la musique était tellement forte qu'elle a utilisé les airs de samba pour me poser des questions banales. Elle m'a donné du mou pour m'exprimer qu'elle était d'accord, cette fois-ci. J'ai quitté la masse grouillante que j'avais l'impression de survoler. Elle m'a dit de l'inviter à danser. J'ai tenté de lui murmurer, mais je ne sais pas danser, j'étais déjà entraîné dans son mouvement. Elle m'a embrassé, j'ai bougé mes pieds d'avant en arrière, et mes hanches de gauche à droite. Elle m'a dit que c'était irrésistible, j'ai ri, en évitant bien de regarder tout le reste. Elle m'a dit qu'elle était gênée, alors je la suis lorsqu'elle me prend par la main pour m'emmener loin de la foule qui s'agite. Seuls dans la compagnie des autres j'ai du mal à saisir les mouvements de ses lèvres et le sens de ses baisers. Aujourd'hui encore je ne sais pas ce que signifiait ce murmure.
On est partis comme des adolescents, je lui tournais autour, je ne la laissais goûter que des bribes de ma bouche. Elle valsait sans quitter le trottoir, j'étais le marionnettiste. Dans ces moments-là je crois qu'un romantisme de bas étage vaut mieux que tout. Elle m'a pris la main. J'ai embrassé son épaule dénudée, en regardant au loin ses belles arcades. Dans la fin de la nuit, j'ai jeté un dernier regard à sa mélancolique agitation, à son tourbillon de vie. Mes poumons goudronnés, je l'ai laissé monter dans un taxi et elle est partie dans cette nuit comme elle y est entrée, comme une bouffée de nicotine.
Ma musique de samba préférée :
jeudi 11 novembre 2010
Pensées nocturnes
Attention, sol glissant
jeudi 4 novembre 2010
C'est pas l'homme qui prend la ville, c'est la ville qui prend l'homme
mercredi 3 novembre 2010
Obsession en commun
Não Me Deixe Só - Vanessa da Mata Buckshot Lafonque - James Brown I & II