vendredi 26 novembre 2010

Sainte Augusta


Je suis un homme malade... Je suis un homme méchant. Un homme repoussoir. Voilà ce que je suis.

Carnets du sous-sol, Dostoievski



Rio a Lapa, Sampa a Augusta.

J'ai rencontré Augusta à São Paulo, le premier soir. J'étais pas trop sûr de ce que je venais faire dans cette rue un peu glauque dont tous m'avaient parlé, quelques gens sur le trottoir où les lumineux buildings avaient laissé place à de vieilles baraques tranformées en night clubs. C'était la première fois que je la voyais, je descendais un peu la rue en me faufilant entre les prostituées et les hommes à crète. Lapa m'avait fait une première impression chaleureuse et gigantesque. Augusta m'a comme attiré dans ses filets d'une manière froide et fascinante. Plus je descendais dans son allée centrale, plus j'avais l'impression de descendre dans les sous-sols de la Terre. De plus en plus chaud, un chaud glacial, frigide.


Augusta changeait de visage pendant ma descente. Elle portait une robe en cuir noir, courte, quand j'arrivais. Elle avait maintenant les bras remplis de tatouages, le nez de piercings, et me bousculait lorsqu'elle passait à côté de moi. J'avais à peine saisi un morceau de sa nuque que j'étais déjà alcoolisé. Si Dieu descend danser la samba avec le peuple à Lapa, le diable t'attire chez Augusta et te fracasse contre de l'électro. Elle te donne envie comme ce jeune premier salement excité par sa première pute, comme si tu pouvais prendre une jeune fille naive et la descendre, l'enfoncer dans son malheur. Car ca te permettrait, toi, de plonger, et tu y prendrais du plaisir. Augusta est noire et inquiétante, sombre et provocante. Elle respire le pêché, on dirait qu'elle a été concue pour s'y perdre, avec un certain plaisir maso.


Augusta regroupe tous les jeunes un peu branchés de Sampa. Quand Lapa regroupe toutes les classes sociales, sans distinction, pour les faire entrer dans sa masse grouillante et joviale, Augusta garde le caractère élitiste de la métropole paulista. Le même qui voit la jeunesse dorée prendre l'hélico pour traverser la ville, le même qui donne envie à ces jeunes alternatifs d'entrer dans ce trash un peu plus à la mode.

Que se passe-t-il derrière ces murs? Que renferme les rires sarcastiques de la devanture de cette boite... Hahahaha, qui sinon le diable pour te trainer ici, sans relâche, jusqu'à ce que tu t'éprennes de sa créature, jusqu'à ce que tu y laisses ton dernier souffle. Lapa la belle mélancolique a laissé place à Augusta l'électrique. Dimitri le sensuel, l'incontrôlable, a été remplacé par Ivan, l'athée, le mal.


Est-ce qu'Augusta est surfaite, est-ce que les jeunes bourgeois qui veulent se défoncer la gueule sont les seuls qui tentent la séduire - est-elle désagréable ou bien fascinante, est-ce qu'elle m'intrigue ou me répugne, est-ce qu'elle m'attire ou me rejette, est-ce qu'elle me laissera me réveiller demain matin sans cette impression troublante et pâteuse d'avoir une inconditionnelle envie de la séduire, de la dominer.


Désolé pour les fautes d'ortographe et la qualité des photos.

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